On dit de lui qu’il est « le plus français des créateurs italiens », qu’il sait comme nul autre tisser le chic français avec les fils de l’imaginaire italien.



Les drapés asymétriques sont sa signature, les matières douces et fluides ont sa prédilection. Le parti pris d’Angelo Tarlazzi ? La légèreté d’être et de créer !


Héritier de l’âge d’or de la libération du vêtement, où la mode suscitait une vraie ferveur tout en s’amusant à tailler des révolutions, Angelo Tarlazzi a élu Paris parce qu’on y a toujours pris la mode moins au sérieux qu’ailleurs. Parce qu’« il faut participer à cette industrie comme si c’était pour rire ! ».


Si la mode a selon lui un peu perdu de son audace et de sa capacité à transformer la rue en une saison, Angelo Tarlazzi s’émerveille aujourd’hui des spectacles magiques offerts par certains podiums, salue l’ingéniosité des parrains de la customisation et aime les filles qui savent dénicher des trouvailles et mélanger les styles. Son style à lui est fidèle aux modèles emblématiques qui ont fait sa renommée : des drapés que le stretch rend incroyablement confortables, des mousselines et des jerseys, des zips inattendus, des coordonnés soir-jour avec jupe de mousseline et cardigans. En toute légèreté !


Mais l’époque est gourmande de nouveaux noms et l’air du temps porte de nombreux jeunes créateurs de prêt-à-porter.

En avril 1977, la première présentation de la ligne d’Angelo Tarlazzi a lieu dans une galerie d’art.  Ses robes du soir, simples robes pailletées qui s’enfilent comme des tee-shirts, vont bientôt se croiser dans toutes les soirées et la presse salue sa maille souple, féminine et colorée. 


Désigné par Guy Laroche, peu avant sa mort, comme successeur pour la haute couture, Angelo Tarlazzi en assure la relève, tout en dirigeant sa propre maison.


Angelo Tarlazzi signe deux collections chaque saison :  une collection de jour et l’autre, plus habillée…

Quatre ans après avoir créé, à 19 ans, sa première collection de couture pour la maison romaine Carosa, l’ex-étudiant en sciences politiques Angelo Tarlazzi s’installe à Paris.

Dans cette ville qui l’attire parce que «c’est là que se fait la mode», il est bientôt engagé chez Jean Patou pour assister le responsable de la couture, Michel Goma. Dans le petit monde de la couture, la star s’appelle déjà Yves Saint Laurent, mais la maison Patou, qui habille des femmes plus jeunes, rencontre alors un succès inouï dans le monde entier.


Toutefois, trois ans plus tard, Angelo Tarlazzi s’envole vers le Nouveau Monde.

1968 :Petite révolution... Après l’ambiance feutrée des salons de la haute couture parisienne,le jeune créateur découvre à New York l’univers, très excitant à ses yeux, de la grande diffusion et de ses techniques industrielles.


Parallèlement, tandis que Karl Lagerfeld vient d’inventer le concept de styliste free lance, Angelo Tarlazzi est lui-même styliste pour différentes maisons de prêt-à-porter, dont les Italiens Laura Biagotti ou Basile, qui plaisent infiniment à la clientèle américaine. Cette vie nomade et moderne entre les Etats-Unis et l’Europe l’enthousiasme pendant quelques années.

…mais la maison Patou le rappelle à Paris.


Angelo Tarlazzi succède à Michel Goma et devient directeur artistique de Jean Patou pour la couture, le prêt-à-porter et les accessoires. Une consécration qui ne l’empêche pas de bousculer le style de la maison.


Et deux saisons plus tard, c’est l’explosion du succès grâce à quatre robes du soir imaginées au dernier moment

pour le final du défilé : quelques foulards de soie drapés et noués sur les mannequins, comme de simples paréos, remportent instantanément l’adhésion des rédactrices de mode qui donnent alors le ton.


Après la presse, toutes les femmes adoptent ces robes « mouchoir » qui sont déclinées, dans les collections suivantes, en pantalons, jupes, capes ou manteaux. Un exercice de style assez sophistiqué, dont le travail de coupe doit néanmoins donner l’impression que le vêtement est improvisé.


Malgré son succès chez Jean Patou, Angelo Tarlazzi est parti sur un coup de tête. Très vite, une curiosité grandissante à l’égard des quelques modèles créés pour ses amies rédactrices le pousse à créer sa maison de prêt-à-porter, presque sans le vouloir. « Jamais je n’avais imaginé avoir ma propre maison », confie-t-il aujourd’hui.